Au cimetière de Bourbriac, cette croix monumentale fut érigée au cours du 3ème quart du XIXème siècle. Comme le suggère d′emblée l′analyse stylistique et comme permet de l′attester par la suite la signature « Yves HERNOT, à LANNION » gravée au revers du socle, elle est l′oeuvre du sculpteur lannionnais Yves Hernot, dont la production irrigua massivement les villes et les campagnes bretonnes au cours de la 2ème moitié du XIXème siècle et du 1er quart du XXème siècle.
Elle fut plus précisément érigée en 1865 à l′occasion d′une missionLa
mission est un temps fort de l′évangélisation. Il s′agit ici d′une mission parroissiale, c′est-à-dire un moment
d′évangélisation organisée et dirigée par des clercs à destination des paroissiens de Bourbriac., comme l′indique
l′inscription commémorative suivante gravée sur la face antérieure du socle :
MISSION
DE
1865
Placée au fond du cimetière, logiquement au droit de l′entrée, cette croix appartient à la catégorie
des croix dites de « type Hernot ». Indépendamment de l′identité du
maître-d′oeuvreCelui qui conçoit une oeuvre (architecte, entrepreneur,
sculpteur, etc.)., cette croix présente en effet toutes les caractéristiques stylistiques qui la rattachent
à cette famille de croix monumentales. Dressée sur un socle en forme de quadrilobe, la croix proprement dite est constituée
d′un haut fût monolithe écoté= émondé, ébranché.
Se dit des troncs dont les branches ont été coupées et dont il subsiste la partie inférieure appelée écot.
sommé d′une bague supportant une croix terminale dont les extrémités accueillent un décor végétal en forme de couronne.
Egalement pourvue d′écots, cette croix terminale est ornée d′un Christ en croix surmonté du titulusUn
titulus est une inscription apposée sur un support quelconque pendant l′Antiquité. Dans la religion chrétienne, le titulus concerne les initiales INRI,
en référence au texte latin « Iesus Nazarenus Rex Iudaeorum » (Jésus le Nazaréen, roi des Juifs) que Ponce Pilate aurait fait
mettre sur la Croix. (INRI). Traité en ronde-bosseEn sculpture, se dit d′une oeuvre dont le volume
correspond au moins au trois-quart du volume réel d′un corps ou d′un objet, ou d′une sculpture réalisée en trois dimensions.,
la tête inclinée à droite, les jambes fléchies et les pieds joints posés sur le suppedaneumSupport
fixé sur la croix pour soutenir les pieds du Christ., ce Christ en croix vêtu d′un pagnePièce
de tissu ou en matière végétale tressée, généralement de forme rectangulaire, avec laquelle une personne se recouvre les hanches.
Le pagne ceignant les reins du Christ adulte est appelé le perizonium. court accuse un léger déhanchement.
Ce Christ en croix fait d′ailleurs partie d′un groupe de la crucifixion à trois personnages. Au pied de la croix, saint Jean, à gauche,
et la Vierge Marie, à droite, tous deux sculptés en ronde-bosse, l′accompagnent, tandis que le fût présente un
phylactère en bas-reliefSe dit d′une oeuvre sculptée dont le volume correspond à
moins de la moitié du volume réel d′un corps ou d′un objet. portant l′inscription votive latine suivante :
O VOS OMNES QUI TRANSITIS PER VIAM,
ATTENDITE ET VIDETE
SI EST DOLOR SICUT DOLOR MEUS *
[ * Vous tous qui passez ici,
réfléchissez et voyez
s′il est une douleur semblable à la mienne ]
Ce groupe de la crucifixion à trois personnages prend place sur un soubassement massif architecturé dont chaque face est
agrémentée d′une baie aveugle de style néogothique et dont chaque angle reçoit trois demi-colonnes
cylindriques jumelées suggérant un pilier. En outre, on notera que cette croix est édifiée pour partie en
granite (soubassement et socle) et pour partie en kersantiteLa kersantite, plus
communément désignée sous le nom de « pierre de Kersanton », est une roche magmatique subvolcanique
à granulométrie très fine, très résistante au temps et aux intempéries. Elle provient du
village de Kersanton, d'où son appelation commune, situé dans la commune de Loperhet jouxtant la rade de Brest
(Bretagne, 29). (personnages, fût et croix terminale).