L′église paroissiale Notre-Dame
(1861 - M. Dar ; J. Auffret)

~ Le bourg ~



Vue générale sud-ouest (2008)


          L′église paroissiale Notre-Dame de Trégonneau a été construite au début des années 1860 par l′entrepreneur Jacques Auffret de Plouisy, d′après des plans dressés le 15 avril 1858 par un dénommé Dar, exerçant l′activité d′architecte à Guingamp 1. L′édifice antérieur était dans un tel état de délabrement que, lors d′une visite pastorale, Monseigneur Le Mée, évêque de Saint-Brieuc et Tréguier, décida de le démolir et d′engager des travaux de reconstruction dès que les ressources de la paroisse le permettraient 2. Si la première pierre de l′édifice a été bénite le 8 avril 1861 et la première grand'messe célébrée le 11 août suivant, la bénédiction solennelle de l′église a eu lieu le 22 mai 1863 3.

          Datant en majeure partie du 3ème quart du XIXème siècle, elle conserve toutefois un probable fenestrage du XIVème siècle, des fonts baptismaux du milieu du XVIIème siècle (1649) 4, ainsi qu′un clocher et un porche dont l′analyse stylistique suggère une datation aux alentours du début du XVIIIème siècle. Selon René Couffon, le clocher aurait été déplacé de quelques mètres plus à l′ouest à l′occasion de la campagne de reconstruction 5.


Echalier (2008) Portail de l′enclos (2008)


          Située dans un enclos légèrement surélevé au nord, l′église Notre-Dame est construite en moellons de granite et schiste, probablement d′extraction locale. Le placître qui l′entoure est délimité par un mur de clôture chaperonné Le chaperon désigne le couronnement de la partie supérieure d′un mur. Il peut être bombé, à deux versants, en appentis, en ardoise, en tuile, etc. pourvu d′un accès par échalierDans un enclos paroissial, l′échalier désigne un accès barré par une pierre plate dressée verticalement, facile à enjamber et précédée d′un degré. Cet échalier préservait ainsi l′espace sacré de toute intrusion animale. à l′ouest et au sud-est. Ce mur de clôture est, en outre, ouvert au sud d′un portail à fermeture en métal et à traverse portant couronnement.


Vue générale sud-est (2008)


          Conçue sur un plan en croix latine, cette église est composée d′une nefPartie d′une église de plan allongé comprise entre le massif antérieur et le transept ou le choeur. La nef désigne le vaisseau central., d′un transeptCorps tranversal formant une croix avec le corps longitudinal de l′église., et d′un choeurPartie de l′église réservée au clergé. flanqué de chaque côté d′une sacristieLa sacristie désigne le local où sont entreposés les vases sacrés, les objets lithurgiques, les vêtements sacerdotaux, etc.. Elle présente à l′est un chevetLe chevet est l′extrémité extérieure d′une église placée du côté du maître-autel. Le chevet est généralement situé à l′est. plat ajouré d′une baie axiale en arc-brisé de style gothique dont le remplageEnsemble des parties fixes qui divisent la surface d′une baie et qui sont dans le même matériau que l′embrasure de pierre est formé par deux lancettesDans une baie, la lancette est une ouverture allongée verticalement, surmontée d′un arc (la tête de lancette) et souvent pratiquée dans la partie inférieure d′un remplage. à arcature trilobée, deux trèfles et un quatrefeuille de réseauLe réseau est l′ensemble des éléments de remplage formant des divisions nombreuses dans une baie. Il désigne généralement la partie haute du remplage.. A l′instar des murs-pignons nord et sud pourvus de rampants à crossettes, ce chevet est épaulé de contrefortsOrgane d′épaulement et de raidissement en saillie angulaires.


Chevet, baie de style gothique (XIVème siècle) (2008)


          Situé quasiment en face de l′entrée principale de l′enclos, un porche de style classique anime l′élévation sud. Ouvert d′une baie à arc en plein-cintre orné d′une agrafeL′agrafe est une clé décorative en bossage moulurée formant le milieu d′un arc., ce porche est agrémenté de deux pilastresLe pilastre est un élément vertical légèrement saillant qui par sa composition (une base, un chapiteau) rappelle un support., d′un entablement L′entablement désigne un couronnement horizontal d′un ordre architectural. Placé au-dessus des colonnes, il est formé généralement d′une architrave (partie inférieure), d′une frise (partie intermédiaire) et d′une corniche (partie supérieure). et d′un frontonLe fronton est un couronnement à tympan et cadre mouluré. Le cadre est formé par une corniche et deux rampants ayant généralement la même mouluration que la corniche. sommé d′une croix latine de petite taille. Le tympanLe tympan de fronton est la partie intérieure comprise entre la corniche et les rampants. Il peut être sculpté, uni, ajouré, etc. de fronton présente, en outre, une inscription dont la lecture s′avère très incertaine au regard de l′usure héritée des outrages du temps 6.

          Par ailleurs, l′élévation nord reçoit la chapelle des fontsLa chapelle des fonts désigne le lieu qui accueille les fonts baptismaux ou la cuve au-dessus de laquelle est administré le baptême. placée au droit du porche.


Porche sud (2008) Vue détaillée de l′agrafe (2008) Chapelle des fonts (2008)
Porche sud, fronton-pignon (2008)


          L′église Notre-Dame de Trégonneau possède à l′ouest un clocher en maçonnerie apparenté à la famille des clochers dits de « type Beaumanoir »Du nom de l′atelier morlaisien qui mit au point cette formule originale à la fin du XVème siècle. Ce modèle de clocher a perduré en Bretagne jusqu′au XVIIIème siècle, voire au-delà.. Le mur-pignon antérieur consiste ici, en effet, en une tour centrale rectangulaire dans-oeuvreSe dit d′un corps de bâtiment totalement engagé dans un autre corps de bâtiment plus important sommée, d′une part, d′un clocher et flanquée, d′autre part, d′un escalier en vis en maçonnerie à gauche. Cette tour dans-oeuvre est notamment affirmée par deux contreforts antérieurs qui s′élèvent jusqu′à une terrasse en encorbellementSurplomb allongé porté par une suite de supports (corbeaux, consoles, têtes de solives, etc.) couronnée d′un élégant garde-corps à balustresLe balustre est un petit support vertical en répétition dans un garde-corps. Tout garde-corps ainsi formé par une file de balustres est une balustrade. carrés « en poire ». Cette terrasse accueille, à l′instar de nombreuses églises du secteur, un clocher à trois baies recevant chacune une cloche. Deux baies jumelées sont ici surmontées d′une baie accostée de volutesOrnement constitué par un enroulement en forme de spirale.

          Outre l′oculus placé au-dessus d′une corniche, le massif occidental est ouvert d′une porte en plein-cintre ornée d′une clé à tête d′ange ailée.


Massif antérieur (2008) Escalier en vis (2008)
Vue détaillée de la balustrade (2008)
Clocher à trois baies, face antérieure (2008) Tête d′ange ailée (2008)


          Eclairé par des baies en arc brisé, l′espace intérieur de l′église est couvert d′une charpente en berceau brisé lambrissée.


1.  COUFFON, René. Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier. Saint-Brieuc, Les Presses Bretonnes, 1939, p. 67.

2.  JOLLIVET, Benjamin, Les Côtes-du-Nord, histoire et géographie de toutes les villes et communes du département. Guingamp : B. Jollivet, 1854, tome III, p. 176.

3.  Id., p. 67.

4.  LE SAULNIER DE SAINT-JOUAN, Régis. Dictionnaire des communes du département des Côtes-d′Armor : éléments d′histoire et d′archéologie. Saint-Brieuc, Conseil Général des Côtes-d′Armor, 1990, p. 758.

5.  COUFFON, René. Op. cit., p. 67.

6.  Benjamin Jollivet rapporte que « le fronton du porche porte la date de 1706 ». Voir JOLLIVET, Benjamin, Op. cit., p. 175.


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