L′église paroissiale Notre-Dame de Trégonneau a été construite
au début des années 1860 par l′entrepreneur Jacques Auffret de Plouisy,
d′après des plans dressés le 15 avril 1858 par un dénommé Dar,
exerçant l′activité d′architecte à Guingamp 1.
L′édifice antérieur était dans un tel état de délabrement que, lors d′une
visite pastorale, Monseigneur Le Mée, évêque de Saint-Brieuc et Tréguier, décida
de le démolir et d′engager des travaux de reconstruction dès que les ressources de la paroisse
le permettraient 2. Si la première pierre de l′édifice a été bénite le 8 avril
1861 et la première grand'messe célébrée le 11 août suivant, la
bénédiction solennelle de l′église a eu lieu le 22 mai 1863 3.
Datant en majeure partie du 3ème quart du XIXème siècle, elle conserve toutefois
un probable fenestrage du XIVème siècle, des fonts baptismaux du milieu du XVIIème
siècle (1649) 4,
ainsi qu′un clocher et un porche dont l′analyse stylistique suggère une datation
aux alentours du début du XVIIIème siècle.
Selon René Couffon, le clocher aurait été déplacé
de quelques mètres plus à l′ouest à l′occasion de
la campagne de reconstruction 5.
Située dans un enclos légèrement surélevé au nord, l′église Notre-Dame
est construite en moellons de granite et schiste, probablement d′extraction locale. Le placître qui
l′entoure est délimité par un mur de clôture chaperonné
Le chaperon désigne le couronnement de la partie supérieure d′un mur. Il peut être bombé,
à deux versants, en appentis, en ardoise, en tuile, etc.
pourvu d′un accès par échalierDans un enclos paroissial,
l′échalier désigne un accès
barré par une pierre plate dressée verticalement, facile à enjamber et précédée
d′un degré. Cet échalier
préservait ainsi l′espace sacré de toute intrusion animale.
à l′ouest et au sud-est. Ce mur de clôture est, en outre, ouvert au sud d′un
portail à fermeture en métal et à traverse portant couronnement.
Conçue sur un plan en croix latine, cette église est composée d′une nefPartie
d′une église de plan allongé comprise entre le massif antérieur et le transept ou le choeur. La nef désigne le
vaisseau central., d′un transeptCorps tranversal formant une croix avec le corps longitudinal de l′église.,
et d′un choeurPartie de l′église réservée au clergé.
flanqué de chaque côté d′une sacristieLa sacristie désigne le local où sont entreposés les vases sacrés, les objets lithurgiques,
les vêtements sacerdotaux, etc.. Elle présente à l′est un chevetLe chevet est
l′extrémité extérieure d′une église placée du côté du maître-autel.
Le chevet est généralement situé à l′est. plat ajouré d′une baie axiale en arc-brisé de style gothique dont le remplageEnsemble des parties fixes qui divisent
la surface d′une baie et qui sont dans le même matériau que l′embrasure de
pierre est formé par deux lancettesDans une baie, la lancette est une ouverture allongée verticalement,
surmontée d′un arc (la tête de lancette) et souvent pratiquée dans la partie inférieure d′un remplage. à arcature trilobée, deux trèfles et un
quatrefeuille de réseauLe réseau est l′ensemble des éléments
de remplage formant des divisions nombreuses dans une baie. Il désigne généralement la partie haute du remplage..
A l′instar des murs-pignons nord et sud pourvus de rampants à crossettes, ce chevet est épaulé de
contrefortsOrgane d′épaulement
et de raidissement en saillie angulaires.
Situé quasiment en face de l′entrée principale de l′enclos, un porche de style classique
anime l′élévation sud. Ouvert d′une baie à arc
en plein-cintre orné d′une agrafeL′agrafe est
une clé décorative en bossage moulurée formant le milieu d′un arc., ce porche est
agrémenté de deux pilastresLe pilastre est un
élément vertical légèrement saillant qui par sa composition (une base, un
chapiteau) rappelle un support., d′un entablement
L′entablement désigne un couronnement horizontal d′un ordre architectural. Placé au-dessus des
colonnes, il est formé généralement d′une architrave (partie inférieure), d′une frise
(partie intermédiaire) et d′une corniche (partie supérieure). et d′un frontonLe fronton est un couronnement à tympan et cadre mouluré. Le
cadre est formé par une corniche et deux rampants ayant généralement la même mouluration que la corniche.
sommé d′une croix latine de petite taille. Le tympanLe tympan de fronton
est la partie intérieure comprise entre la corniche et les rampants. Il peut être sculpté, uni, ajouré, etc.
de fronton présente, en outre, une inscription dont la lecture s′avère très incertaine au regard de l′usure héritée
des outrages du temps 6.
Par ailleurs, l′élévation nord reçoit la chapelle des fontsLa chapelle des fonts désigne le lieu qui accueille
les fonts baptismaux ou la cuve au-dessus de laquelle est administré le baptême. placée au droit du porche.
L′église Notre-Dame de Trégonneau possède à
l′ouest un clocher en maçonnerie apparenté à la famille
des clochers dits de « type
Beaumanoir »Du nom de l′atelier morlaisien qui mit au point cette formule originale à la fin du XVème siècle.
Ce modèle de clocher a perduré en Bretagne jusqu′au XVIIIème siècle, voire au-delà.. Le mur-pignon antérieur consiste ici, en effet, en une
tour centrale rectangulaire dans-oeuvreSe dit d′un corps de bâtiment totalement engagé dans un autre
corps de bâtiment plus important sommée, d′une part, d′un clocher et flanquée, d′autre
part, d′un escalier en vis en maçonnerie à gauche. Cette tour dans-oeuvre est notamment affirmée
par deux contreforts antérieurs qui s′élèvent jusqu′à
une terrasse en encorbellementSurplomb
allongé porté par une suite de supports (corbeaux, consoles, têtes de solives, etc.)
couronnée d′un élégant garde-corps
à balustresLe balustre est un petit support vertical en répétition
dans un garde-corps. Tout garde-corps ainsi formé par une file de balustres est une balustrade. carrés
« en poire ». Cette terrasse accueille, à l′instar de nombreuses
églises du secteur, un clocher à trois baies recevant chacune une
cloche. Deux baies jumelées sont ici surmontées d′une baie
accostée de volutesOrnement constitué par un enroulement en forme de spirale.
Outre l′oculus placé au-dessus d′une corniche, le massif occidental est ouvert d′une porte en plein-cintre
ornée d′une clé à tête d′ange ailée.
Eclairé par des baies en arc brisé, l′espace intérieur
de l′église est couvert d′une charpente en berceau brisé
lambrissée.
1. COUFFON, René. Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier. Saint-Brieuc, Les Presses Bretonnes, 1939, p. 67.
2. JOLLIVET, Benjamin, Les Côtes-du-Nord, histoire et géographie de toutes les villes et communes du département. Guingamp : B. Jollivet, 1854, tome III, p. 176.
3. Id., p. 67.
4. LE SAULNIER DE SAINT-JOUAN, Régis. Dictionnaire des communes du département des Côtes-d′Armor : éléments d′histoire et d′archéologie. Saint-Brieuc, Conseil Général des Côtes-d′Armor, 1990, p. 758.
5. COUFFON, René. Op. cit., p. 67.
6. Benjamin Jollivet rapporte que « le fronton du porche porte la date de 1706 ». Voir JOLLIVET, Benjamin, Op. cit., p. 175.