Guingamp, le Centre-Ville. La basilique Notre-Dame-du-Bon-Secours (2008)
Au centre-ville de Guingamp, quasiment à mi-distance du château Pierre II et de la place du Centre,
cette place où se tenaient jusqu′au milieu du XVIIIème les anciennes halles,
l′église Notre-Dame-du-Bon-Secours est un imposant vaisseau de granite protégé
au titre de la législation sur les monuments historiques depuis la fin du XIXème
siècle 2. Elle a été érigée
au rang de basiliqueDestinée au culte catholique,
une basilique est une église bénéficiant de privilèges octroyés par
l′autorité pontificale. mineure par un bref du pape Léon XIII en
date du 24 octobre 1899 3.
D′où que l′on vienne, qui de Grâces ou de Callac, qui de Plouisy ou de Pabu, qui de
Saint-Agathon ou de Ploumagoar, elle domine de sa masse granitique la ville avec laquelle elle partage une
histoire presque millénaire. Si les origines de Guingamp sont étroitement liées
à la fondation d′une motte castrale au cours de la 1ère moitié du XIème
siècle, celles de la basilique le sont également. C′est en effet à cet emplacement
que fut édifiée une chapelle castrale primitive probablement vers le milieu du XIème
siècle 4.
La datation de l′église proposée par André Mussat fixe les limites chronologiques de
l′édifice entre la 1ère moitié du XIIème siècle
et la fin du XVIème siècle. Les quatre grandes arcades de la croisée du transept,
précieux et unique témoignage de l′existence d′un imposant édifice roman doté
d′une tour massive, remontent probablement à la 1ère moitié du XIIème
siècle. Pour apparaître à cette période dans la documentation écrite et posséder
une bourgeoisie nombreuse et influente dès cette époque, la ville de Guingamp était alors une localité
importante 5. Erigée au rang d′église paroissiale,
l′église Notre-Dame était aussi dès la 1ère moitié du XIIème
siècle un important centre de pèlerinage marial 6.
Sans en connaître précisément les raisons, c′est à la fin du XIIIème
siècle, probablement vers 1280-1290 à la suite d′un effondrement, que la construction de l′église gothique débuta. Si les
travaux commencèrent par l′édification d′un massif occidental à deux tours, ils furent
suivis de près par la reprise en sous-oeuvreEn architecture,
la reprise en sous-oeuvre est une opération qui consiste à intervenir sur les parties portantes d′un
édifice, sous la charge des parties supérieures, qui sont soutenues le temps des travaux. des
arcades romanes de la croisée du transept. La construction du transept fut entreprise de 1300 à 1330 environ, tandis
que la nef et le choeur furent achevés vers 1350. Enfin, c′est par la construction de l′actuel chevet,
vers les années 1470-1480, que l′épisode gothique de l′église s′acheva. La partie
sud-ouest de l′église s′étant en effet effondrée en 1535, les travaux de reconstruction
furent engagés dès l′année suivante. Une inscription en caractères gothiques figurant
en bas-relief sur un phylactère sculpté sur les trois faces du contrefort sud du massif occidental de
l′église relate les faits en ces termes :
«
La vigille S. André, vers le soir,
l′an mil cinq cent trante et cinq,
La grande ame piteuse à voir
Fut de cette tour qui à terre vint.
Au none, dit le cinquiesme jour
L′an mil cinq cents trante seis,
La première pierre sans séjour
Fut assis » 7.
Au devis présenté par les architectes Philippe Beaumanoir et Jean Hémery,
les fabriciensUn fabricien est un membre de la fabrique.
La fabrique, également dénommée « général de paroisse »,
était sous l′Ancien Régime, l′institution en charge de la gestion et de l′entretien
des biens de la paroisse. préférèrent la proposition de l′architecte Jean Le Moal
pour la reconstruction de la partie effondrée. Dans le sillage des travaux réalisés à partir
de 1531 sur la tour de l′église de Bulat, ce dernier, puis ses successeurs, Gilles Le Nouezec de 1548 à
1554, Jean Le Cozic de 1556 à 1570 et Yvon Auffret de 1574 à 1581, optèrent en effet pour un
répertoire décoratif nouveau dans la région : celui de la Renaissance.
L′église Notre-Dame occupa certes une place de première importance dans la vie spirituelle et religieuse
de Guingamp, mais elle joua également un rôle de premier plan dans la vie politique de la cité. Si la chapelle
Saint-Jacques, construite à la fin du XIVème siècle pour la famille Morel, fut le lieu de réunion
et de délibérations de la communauté de ville à la fin du Moyen Age, il en fut de même pour la
secrétairie de la fin du 1er quart du XVIIème siècle jusqu′au milieu du
XVIIIème siècle 8.
1. MUSSAT, André. « Un monument clé : Notre-Dame de Guingamp », dans MSHAB, t. LVI, 1979, p. 126-149.
2. L′église Notre-Dame a été inscrite sur la liste des monuments classés en 1888. Voir aussi à ce sujet : Ministère de la Culture et de la Communication, base Mérimée, référence PA22089179 : église classée par journal officiel du 18 avril 1914.
3. MERLET, François. « Notre-Dame de Guingamp », dans Congrès archéologique de France, CVIIe session, 1949, p. 240.
4. COUFFON, René. Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier. Saint-Brieuc, Les Presses Bretonnes, 1939, p. 141 ; GUILLOTEL, Hubert. « Les origines de Guingamp. Sa place dans la géographie féodale », dans MSHAB, t. LVI, 1979, p. 88 ; MUSSAT, André, op. cit., p. 356-357.
5. TANGUY, Bernard. Dictionnaire des noms de communes, trèves et paroisses des Côtes-d′Armor : origine et signification. Douarnenez, Ar Men-Le Chasse Marée, 1992, p. 76 ; GUILLOTEL, Hubert, op. cit., p. 85.
6. MERLET, François. op. cit., p. 237.
7. COUFFON, René. op. cit., p. 145.
8. MUSSAT, André, op. cit., p. 362, 368-369.