La chapelle Saint-Jean

~ Kergrist ~


« La chapelle de Saint-Jean est située au village de ce nom. Devenue, après la révolution, propriété de M. Desjars, banquier à Guingamp, elle a été rachetée par la commune le 19 juin 1827 moyennant la somme de 800 fr. Elle a été réparée et diminuée de 3 mètres 34 cent. On a fait une petite plantation autour de l′édifice. On y célèbre la messe et les vêpres le jour du pardon, qui a lieu le 24 juin » 1.


Vue générale (2008)


          A la sortie de Guingamp, sur le trajet de l′ancienne route royale de Paris à Brest, la chapelle Saint-Jean de Kergrist est un vénérable sanctuaire daté en partie de la fin du Moyen Age.


La chapelle Saint-Jean de Kergrist d′après le cadastre de 1822, section A, 1ère feuille (source : Archives départementales des Côtes-d′Armor)


          Probablement fondé par les Templiers ou les Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem 2, mentionné pour la première fois en 1270 dans un acte relatant une donation faite en faveur du prieuré Saint-Sauveur à proximité du « grand chemin menant du gué Ynisan à Kergrist »3, le village de Kergrist était alors une possession de l′abbaye cistercienne de Bon-Repos en Saint-Gelven (Bretagne, Côtes-d′Armor).

          Quant à la chapelle Saint-Jean, attestée pour la première fois en 1371 dans les actes du procès de canonisation du duc Charles de Blois 4, elle fut reconstruite au cours du XVème siècle, ainsi que le suggère l′analyse architecturale et stylistique de l′existant. Si la datation du chevetLe chevet est l′extrémité extérieure d′une église placée du côté du maître-autel. Le chevet est généralement situé à l′est. et du mur sud remonte à cette période, celle du mur-pignon ouest et de son clocher, du mur nord et de la sacristieLa sacristie désigne le local où sont entreposés les vases sacrés, les objets lithurgiques, les vêtements sacerdotaux, etc. semble, en revanche, remonter à la 2ème moitié du XVIIIème siècle. Acquise par un dénommé Desjars, au titre de la vente des biens nationaux de première origine, la chapelle fut rachetée par la fabrique le 19 juin 1827 5.


Vue générale (2008)


          Occupant un modeste placitre arboré dissimulé derrière quelques habitations dont la façade principale est construite à l′aplomb de la route principale, la chapelle Saint-Jean est un édifice de plan rectangulaire allongé et à vaisseau unique construit principalement en moellons de granite apparents. Flanquée d′une sacristieLa sacristie désigne le local où sont entreposés les vases sacrés, les objets lithurgiques, les vêtements sacerdotaux, etc. en appentis jouxtant le choeurPartie de l′église réservée au clergé. au nord, elle présente en outre un mur-pignon ouest édifié en moellons équarris. Ouvert d′une porte centrale en plein-cintre chanfreinée, ce mur-pignon est animé par un clocher en maçonnerie à base rectangulaire portant deux baies jumelées recevant chacune une cloche sous un couronnement orné de deux volutesOrnement constitué par un enroulement en forme de spirale..


Mur-pignon ouest, vue générale (2008) Mur-pignon ouest, clocher (2008)


          L′élévation nord, qui fait face au placitre, est ouverte d′une porte en plein-cintre flanquée de deux fenêtres de même profil. Protégée par un larmierLe larmier est un élément horizontal en saillie au nu du mur, destiné à en écarter les eaux pluviales, cette porte est surmontée d′une niche abritant sous un linteau délardé en segment une statue polychrome de saint Jean-Baptiste, le patron de la chapelle.


Elévation nord, porte et fenêtres en plein-cintre (2009)
Elévation nord, porte (2009) Elévation nord, niche à statue (2009)


          L′élévation sud, la plus ancienne avec le chevet et le mur de la sacristie qui le flanque, est, quant à elle, épaulée de trois contrefortsOrgane d′épaulement et de raidissement en saillie. massifs à ressaut probablement rapportés pour renforcer une maçonnerie éprouvée par le poids des âges.


Elévation sud contrefortée (2008)


          Faisant le tour de la chapelle, en direction du chevet, l′ancienneté de cette façade est suggérée par deux fenêtres en arc brisé à remplageLe remplage est l′ensemble des parties fixes qui divisent la surface d′une baie et qui sont dans le même matériau que l′embrasure de pierre, dont la première est composée de deux lancettesDans une baie, la lancette est une ouverture allongée verticalement, surmontée d′un arc (la tête de lancette) et souvent pratiquée dans la partie inférieure d′un remplage. trilobées surmontées d′un tympan ajouré d′un quadrilobe.


Elévation sud, fenêtre de gauche ou fenêtre 1 (2008) Elévation sud, fenêtre de droite ou fenêtre 2 (2008)


          Enfin, à l′est, la chapelle Saint-Jean de Kergrist possède un chevet plat épaulé de deux contreforts à ressaut, le contrefort gauche étant disposé sur l′angle. Ici, sous un pignon découvert à rampants à crossettes couronné d′une petite croix monolithe, le chevet est ajouré d′une maîtresse-vitre axiale en arc-brisé divisé par trois lancettes trilobées réunies sous un tympan évidé de deux quadrilobes, d′un ajour sommital et de quatre écoinçons. Cette maîtresse-vitre possède notamment des vitraux anciens classés au titre de la législation sur les monuments historiques le 20 juillet 1942 6. Ainsi, parmi les sept panneaux qui composent cette verrière hétérogène, il est possible de distinguer une crucifixion à trois personnages du 2ème quart du XVème siècle - permettant d′affiner la datation de la chapelle - ainsi qu′un médaillon portant des armoiries du XVIème siècle, parti de la famille de Rohan et de la famille d′Avaugour 7.


Chevet, maîtresse-vitre (2008) Chevet, maîtresse-vitre (2008) Chevet, rampant à crossette nord (2009)



1.  JOLLIVET, Benjamin. Les Côtes-du-Nord, histoire et géographie de toutes les villes et communes du département. Guingamp : B. Jollivet, 1854, tome III, p. 115

2.  TANGUY, Bernard. Dictionnaire des noms de communes, trèves et paroisses des Côtes-d′Armor : origine et signification. Douarnenez, Ar Men-Le Chasse Marée, 1992, p. 75.

3.  Id., p. 75. Le village de Kergrist est alors cité sous la forme Villa Christi.

4.    La chapelle est mentionnée de la manière suivante : capella Villa Christi propre Guengampum. COUFFON, René. Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier. Saint-Brieuc, Les Presses Bretonnes, 1939, p. 139 ; LE SAULNIER DE SAINT-JOUAN, Régis. Dictionnaire des communes du département des Côtes-d′Armor : éléments d′histoire et d′archéologie. Saint-Brieuc, Conseil Général des Côtes-d′Armor, 1990, p. 97.

5.  JOLLIVET, Benjamin, op. cit., p. 115 ; COUFFON, René, op. cit., p. 139

6.   Ministère de la Culture et de la Communication, base Palissy, référence PM22000240 : verrière classée au titre objet le 20 juillet 1942.

7.   Les Vitraux de Bretagne. Inventaire général du Patrimoine Culturel. Région Bretagne ; [rédigé par] Françoise GATOUILLAT et Michel HEROLD. Rennes : Presses Universitaires de Rennes, 2005. [ Recensement des vitraux anciens de la France, Corpus Vitrearum. France, recensement des vitraux anciens de la France. Série complémentaire ; vol. 7 ], p. 67


Retour à la page d′accueil    |   Contact   |   Retour à la page Grâces
2009