« La chapelle de Saint-Jean est située au village de ce nom.
Devenue, après la révolution, propriété de M. Desjars,
banquier à Guingamp, elle a été rachetée par la
commune le 19 juin 1827 moyennant la somme de 800 fr. Elle a été
réparée et diminuée de 3 mètres 34 cent. On a fait
une petite plantation autour de l′édifice. On y célèbre
la messe et les vêpres le jour du pardon, qui a lieu le 24 juin » 1.
A la sortie de Guingamp, sur le trajet de l′ancienne route royale de Paris à Brest,
la chapelle Saint-Jean de Kergrist est un vénérable sanctuaire daté en partie
de la fin du Moyen Age.
Probablement fondé par les Templiers ou les Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem 2,
mentionné pour la première fois en 1270 dans un acte relatant une donation faite en
faveur du prieuré Saint-Sauveur à proximité du « grand chemin menant
du gué Ynisan à Kergrist »3,
le village de Kergrist était alors une possession de l′abbaye cistercienne de Bon-Repos
en Saint-Gelven (Bretagne, Côtes-d′Armor).
Quant à la chapelle Saint-Jean, attestée pour la première fois en 1371 dans les actes
du procès de canonisation du duc Charles de Blois 4,
elle fut reconstruite au cours du XVème siècle, ainsi que le suggère
l′analyse architecturale et stylistique de l′existant. Si la datation du
chevetLe chevet est l′extrémité
extérieure d′une église placée du côté du maître-autel.
Le chevet est généralement situé à l′est. et du mur
sud remonte à cette période, celle du mur-pignon ouest et de son clocher, du mur nord et de
la sacristieLa sacristie désigne le local où
sont entreposés les vases sacrés, les objets lithurgiques, les vêtements sacerdotaux, etc.
semble, en revanche, remonter à la 2ème moitié du XVIIIème
siècle. Acquise par un dénommé Desjars, au titre de la vente des biens nationaux de
première origine, la chapelle fut rachetée par la fabrique le 19 juin 1827 5.
Occupant un modeste placitre arboré dissimulé derrière quelques habitations dont la
façade principale est construite à l′aplomb de la route principale, la chapelle Saint-Jean
est un édifice de plan rectangulaire allongé et à vaisseau unique construit principalement
en moellons de granite apparents. Flanquée d′une sacristieLa
sacristie désigne le local où sont entreposés les vases sacrés, les objets lithurgiques, les
vêtements sacerdotaux, etc. en appentis jouxtant le choeurPartie de l′église
réservée au clergé. au nord, elle présente en outre un mur-pignon ouest
édifié en moellons équarris. Ouvert d′une porte centrale en plein-cintre chanfreinée,
ce mur-pignon est animé par un clocher en maçonnerie à base rectangulaire portant deux baies
jumelées recevant chacune une cloche sous un couronnement orné de deux volutesOrnement constitué par un enroulement en
forme de spirale..
L′élévation nord, qui fait face
au placitre, est ouverte d′une porte en plein-cintre flanquée de deux fenêtres de même
profil. Protégée par un larmierLe larmier
est un élément horizontal en saillie au nu du mur, destiné à en écarter les
eaux pluviales, cette porte est surmontée d′une niche abritant sous un linteau
délardé en segment une statue polychrome de saint Jean-Baptiste, le patron de la chapelle.
L′élévation sud, la plus ancienne avec le chevet et le mur de la sacristie qui le flanque, est, quant
à elle, épaulée de trois contrefortsOrgane
d′épaulement et de raidissement en saillie. massifs à ressaut probablement rapportés
pour renforcer une maçonnerie éprouvée par le poids des âges.
Faisant le tour de la chapelle, en direction du chevet, l′ancienneté de cette façade est
suggérée par deux fenêtres en arc brisé
à remplageLe remplage est l′ensemble des parties
fixes qui divisent la surface d′une baie et qui sont dans le même matériau que l′embrasure
de pierre, dont la première est composée de deux lancettesDans
une baie, la lancette est une ouverture allongée verticalement, surmontée d′un arc (la tête de lancette)
et souvent pratiquée dans la partie inférieure d′un remplage. trilobées
surmontées d′un tympan ajouré d′un quadrilobe.
Enfin, à l′est, la chapelle Saint-Jean de Kergrist possède un chevet plat
épaulé de deux contreforts à ressaut, le contrefort gauche étant
disposé sur l′angle. Ici, sous un pignon découvert à rampants à
crossettes couronné d′une petite croix monolithe, le chevet est ajouré
d′une maîtresse-vitre axiale en arc-brisé divisé par trois lancettes
trilobées réunies sous un tympan évidé de deux quadrilobes,
d′un ajour sommital et de quatre écoinçons. Cette maîtresse-vitre
possède notamment des vitraux anciens classés au titre de la législation
sur les monuments historiques le 20 juillet 1942 6.
Ainsi, parmi les sept panneaux qui composent cette verrière hétérogène,
il est possible de distinguer une crucifixion à trois personnages du 2ème
quart du XVème siècle - permettant d′affiner la datation de la
chapelle - ainsi qu′un médaillon portant des armoiries du XVIème
siècle, parti de la famille de Rohan et de la famille d′Avaugour
7.
1. JOLLIVET, Benjamin. Les Côtes-du-Nord, histoire et géographie de toutes les villes et communes du département. Guingamp : B. Jollivet, 1854, tome III, p. 115
2. TANGUY, Bernard. Dictionnaire des noms de communes, trèves et paroisses des Côtes-d′Armor : origine et signification. Douarnenez, Ar Men-Le Chasse Marée, 1992, p. 75.
3. Id., p. 75. Le village de Kergrist est alors cité sous la forme Villa Christi.
4. La chapelle est mentionnée de la manière suivante : capella Villa Christi propre Guengampum. COUFFON, René. Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier. Saint-Brieuc, Les Presses Bretonnes, 1939, p. 139 ; LE SAULNIER DE SAINT-JOUAN, Régis. Dictionnaire des communes du département des Côtes-d′Armor : éléments d′histoire et d′archéologie. Saint-Brieuc, Conseil Général des Côtes-d′Armor, 1990, p. 97.
5. JOLLIVET, Benjamin, op. cit., p. 115 ; COUFFON, René, op. cit., p. 139
6. Ministère de la Culture et de la Communication, base Palissy, référence PM22000240 : verrière classée au titre objet le 20 juillet 1942.
7. Les Vitraux de Bretagne. Inventaire général du Patrimoine Culturel. Région Bretagne ; [rédigé par] Françoise GATOUILLAT et Michel HEROLD. Rennes : Presses Universitaires de Rennes, 2005. [ Recensement des vitraux anciens de la France, Corpus Vitrearum. France, recensement des vitraux anciens de la France. Série complémentaire ; vol. 7 ], p. 67