A proximité de l′ancienne abbaye de Sainte-Croix, la chapelle Saint-Joseph fut édifiée
au cours du 3ème quart du XIXème siècle par l′entrepreneur Jouanny
sous la direction de l′architecte briochin Alexandre Angier 1.
La tradition rapporte qu′un dénommé Jean Le Jeune, résidant à Sainte-Croix,
légua à sa mort la somme de 5 000 francs pour l′édification d′une chapelle placée
sous l′invocation de saint Joseph 2. Si la bénédiction
de la première pierre eut lieu le 25 juillet 1868, celle de la chapelle proprement dite, ainsi que
celle des cloches, se tint le 24 mai 1871 en
la présence de l′évêque de Saint-Brieuc et Tréguier, Monseigneur David 3.
Un nouvel autel réalisé par le sculpteur lannionnais Le Merer vint enrichir le mobilier de la chapelle le 24 janvier
1875 4.
Au regard de ses proportions et de ses caractéristiques stylistiques, comme du matériau de gros-oeuvre employé pour la construction de la
façade ouest, des contrefortsOrgane d′épaulement et de raidissement en saillie.,
de l′entourage des baies et des chaînes d′angle.Membre vertical formé d′une
superposition d′éléments à la rencontre de deux murs en angles.,
la chapelle Saint-Joseph ne passe pas inaperçue dans le paysage architectural du
quartier de Sainte-Croix.
Implantée en retrait de la rue, au milieu d′une parcelle en profondeur, cette chapelle orientée
Le terme n′est employé que dans l′architecture religieuse. L′église ou la chapelle orientée est un édifice dont le
chevet est exclusivement tourné vers l′est., de style néogothique et de plan rectangulaire, présente
un vaisseauLe vaisseau est l′espace intérieur habituellement allongé
et caractérisé par son développement dans la plus grande partie de la hauteur. Une nef est un vaisseau, tout comme un
bas-côté. unique, soit une nef flanquée aux deux-tiers de sa longueur de deux ailes basses peu saillantes,
sur lequel est greffé un chevetLe chevet est l′extrémité
extérieure d′une église placée du côté du maître-autel. Le chevet est généralement
situé à l′est. polygonal en appentis. Si l′édifice, doté d′un
solinPartie inférieure d′un mur formée d′une ou de quelques
assises agencées dans un matériau ou un appareil différent du reste du mur.
de granite à ton gris, est principalement construit en moellons de granite et schiste, probablement d′extraction locale,
le parementSurface visible d′une construction en pierre, en terre ou en brique
de la façade occidentale est, quant à lui, exclusivement édifié en moellons de granite équarrisUne
pierre équarrie est une pierre qui a reçu la forme d′un parallélépipède. soigneusement assisés
et d′une couleur jaunâtre qui, associés au tuffeauLe tuffeau est une roche
calcaire de couleur blanche, parfois jaunâtre, facile à tailler, provenant généralement de la vallée
de la Loire. employé pour l′entourage des baies, les contreforts et le clocher, est du plus bel effet par temps
ensoleillé.
De plus, cette façade formée par un mur-pignon épaulé de deux contreforts décoratifs, est ouverte d′un portail
central en arc brisé chanfreiné doté d′un tympanLe tympan est la
surface pleine diminuant par le haut l′ouverture d′une baie. surmonté
d′une archivolteL′archivolte est une moulure en saillie. à
retours.
Le pignon agrémenté de rampants à crossettes stylisées est, en outre, affirmé par un
clocher-mur en encorbellementSurplomb porté par une suite de
supports (corbeaux, consoles, têtes de solives, etc.) sur consoles à deux ressauts suggérant
un mâchicoulisElément défensif formé par le
parapet d′un mur en surplomb et la partie du sol percée d′ouvertures pour le tir. Le parapet est le mur
plein formant garde-corps orné d′accolades. Telle une invitation adressée aux fidèles
franchissant le seuil de ce modeste sanctuaire, la face antérieure de ce clocher-mur présente l′inscription votive latine suivante :
ITE AD JOSEPH *
1869
[ * Allez à Joseph ]
Enfin, ce clocher à une baie et à deux cloches disposées l′une sur l′autre
est affirmé par un couronnement octogonal rythmé par des colonettes à chapiteaux feuillagés
et des gâblesLe gâble,
surtout présent dans l′architecture gothique, est un couronnement habituellement de forme triangulaire,
une sorte de pignon de petite dimension, coiffant généralement le couvrement d′une baie.
évidés chacun d′une arcature trilobée.
1. LES AMIS DU PAYS DE GUINGAMP. Sainte-Croix de Guingamp. L′Abbaye - Le Bourg - Le Faubourg. Guingamp, Les Amis du Pays de Guingamp, numéro spécial, avril 1990, p. 22. Alexandre Angier était alors membre du Conseil des bâtiments civils des Côtes-du-Nord. Ce conseil avait notamment la charge de l′étude de la construction de ce type d'édifice.
2. Id., p. 22.
3. Ibid., p. 22 ; COUFFON, René. Répertoire des églises et chapelles du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier. Saint-Brieuc, Les Presses Bretonnes, 1939, p. 144.
4. LES AMIS DU PAYS DE GUINGAMP. op. cit., p. 22.